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Fraude à la Société Générale ? Compléments d'enquête Livre
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  • Fraude à la Société Générale ? Compléments d'enquête. Des inédits sur les commissaires aux comptes, sur les comptes, sur le contrôle interne, sur les chiffres de la fraude. Livre en vente sur Amazon.
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21 juin 2010

Le Petit Journal technique du procès Kerviel Société Générale. Jour 9. Lundi 21 juin 2010. La défense vacille.

Bilan du Jour 9

Eric Cordelle n+1. Son témoignage fragilise un peu ma théorie (il savait fin 2007 que JK dépassait les limites avec pour ordre de grandeur le milliard d'euros).

En revanche il est troublant de constater que le n+1 n'a pas lu le courrier d'Eurex auquel il a participé à la réponse, ni ouvert la pièce jointe liée au deuxième courrier d'Eurex.

Aussi troublant que Martial Rouyère, n+2, qui s'arrête de lire un mail avant la page 3.

Dans tous les cas, les milliers de contrats de futures apparaissaient et pouvaient permettre de suspecter quelque chose d'anormal.

Coïncidences troublantes, ces chiffres n'ont été vus par les personnes les plus susceptibles de les interpréter et les comprendre bien que figurant dans des documents leur étant destinés.

Dans mon analyse, les difficultés de Maître Metzner qui s'embrouille relativement souvent.

La défense reperd du terrain gagné en deuxième semaine.

Informations diverses Jour 9

Audience le matin à partir de 09h35.

Témoins du jour :

- Eric Cordelle, supérieur hiérarchique direct de Jérôme Keviel au moment des faits, licencié, sans emploi actuellement

- Martial Rouyère, n+2 au moment des faits, responsable du desk Delta One, licencié par la SG

- Philippe Baboulin, n+3 au moment des faits, responsable d'Equity Finance, toujours en poste à la SG.

- Luc François, n+5 au moment des faits, co directeur de GEDS avec Mianné, a démissionné

Analyse des débats du Jour 9

1) Témoin numéro 1 Eric Cordelle n+1

Pièces versées par la défense OF pas d'idée sur ces pièces

Parcours de Eric Cordelle (EC) et environnement en tant que n+1 de JK selon lui : rentré à la SG comme chargé d'études, structuration dans le crédit et les produits dérivés ; a passé 5 ans au Japon dans l'ingénierie financière, dirigeait une équipe de 15 personnes, est rentré à Paris fin 2005 ; début 2007 devient responsable d'une équipe de traders de delta one (se trompe dans son témoignage en parlant de 97, se fait rectifier). Pas d'expérience particulière dans le trading. EC assure que tout le management de JK était issu du trading. JK était un trader plus sénior que les autres. Départ brutal le 18 janvier. N'est pas retourné à son bureau le jeudi et le vendredi, est resté un mois et demi chez lui. Est revenu à la SG quelques mois, mais sans travailler. Mai 2008 procédure de licenciement. A saisi les prud'hommes. EC contesterait les motifs de son licenciement, car il estime avoir été lésé par insuffisance de la part de la SG d'informations et de moyens dans cette affaire.

C'est la première fois que EC avait à s'occuper de trading en tant que n+1 de JK. Il ne connaissait pas le vocabulaire par exemple.

9h50 Qui l'accueille sur le desk ? Pierre-Yves Morlat (n+4). A beaucoup discuté avec Martial Rouyère (n+2). Au cours de l'année 2007, EC dit avoir rencontré le soir le n+2 pour lui poser des questions sur ce qu'il n'avait pas saisi dans la journée, car il n'osait pas le montrer à ses traders.

Qui a fait l'intérim entre Alain Declerck et lui ? Martial Rouyère selon lui, mais EC ne sait pas comment cela se passait. L'équipe lui avait été décrite avec une activité en très forte croissance, des horaires très lourds, que lui-même pouvait supporter. Le métier de market-maker exigeait de la présence continue pendant les heures d'ouverture de marché et l'équipe avait en soi une réputation d'horaires lourds.

Volumes traités ? Réponse EC un nombre très important par jour.

EC pouvait s'appuyer sur JK, il le trouvait fiable.

En 2007 l'intérêt croissant des clients pour les turbos warrants faisaient que l'activité de JK marchait très bien. Il savait que pour se couvrir il y avait des achats d'actions et d'indices.

OF En écoutant ce passage, je me suis demandé si cela n'enrayait pas une partie de mon raisonnement sur la connaissance par le n+1 fin 2007. Au départ, JK avait montré sur un autre poste que le sien, en présence d'EC, qu'il misait sur les futures et qu'il avait dégagé une plus-value qu'il avait laissée au profit du poste en question. J'en avais déduit que EC savait que JK misait hors-mandat. Or JK pouvait miser sur des futures, à condition qu'il se couvre suffisamment. Cela affaiblit la pertinence de mon raisonnement. J'y reviendrai.

A partir de l'été 2007 survient une crise de liquidités. La stratégie d'arbitrage des turbos de la concurrence est lancée. L'idée aurait été étudiée avant que EC n'arrive (par les traders turbos JK + Meskine et Martial Rouyère qui aurait donné son feu vert). Qui a eu l'idée à l'origine ? EC ne sait pas.

10h00 Avait-il une station de trading dédiée ? Cela lui est arrivé d'en avoir, mais il assure avoir plutôt travaillé avec des outils bureautiques.

A son arrivée il était assis entre deux traders puis il semble avoir beaucoup changé de place. En moyenne, il déclare avoir été entre 1 mètre du trader le plus proche et 10 mètres du plus éloigné.

EC ne percevait pas l'activité de JK en particulier. Entre lui et JK il y avait 20 à 25 écrans. Et la fenêtre de passage d'ordres est petite. Cela lui arrivait de passer 5 mn derrière les traders, il ne voyait pas JK passer des ordres particulièrement. De plus, JK n'était pas très expansif et il n'y avait pas plus d'éclats de voix que d'autres traders.

OF C'est sûr que 5 mn dans une journée cela laisse la place.

10h10 EC n'avait pas d'activité de trading. Ses activités : réunions pour se présenter, interface avec les autres équipes, recrutement car l'équipe était surchargée, développement d'outils et de stratégie car manque d'automatisation.

OF C'est la meilleure. Qui dit automatisation dit plus de contrôle par la machine donc moins de contrôle par l'homme. Et c'est justement ce qui est reproché à Eric Cordelle dans sa supervision.

Selon EC, en avril 2007, il n'existait pas de reporting front-office middle office, c'était une chose à mettre en place mais ce n'était pas la priorité. EC suivait le résultat en allant voir les traders et en leur demandant comment cela se passait. EC allait en reporter à Martial Rouyère. Les résultats étaient communiqués sur la journée par un fichier, EC les validait tous les jours après explications par le trader.

Sur les limites ? Etat des limites envoyé par le département des risques tous les jours. La consommation de la limite de réplication de 125 millions d'euros était indiquée dans un fichier. La limite était dépassée régulièrement, 130, 140 une fois à 200.

OF Ce qui confirme les données présentées jusque-là par la SG sur le sujet.

Selon EC il y avait différentes sortes de dépassement :

- dépassements actifs : à l'initiative du trader, EC ne l'a jamais vu ;

- dépassements passifs : subis, causés par des saisies manuelles nombreuses qui entraînent des erreurs, soit par l'activité client (exemple couverture avec autre chose que le sous-jacent idéal).

10h24 Vérification des ordres passés ? Selon EC, non, pas en 2007. Il n'avait ni les moyens, ni les connaissances pour le faire, et il aurait fallu suspecter une fraude. A aucun moment on ne lui a pas dit que JK dépassait les limites. Il n'avait pas été informé de l'incident de juillet 2005, ce que EC trouve anormal.

Sur le fait de franchir une limite et de la dissimuler ? EC en aurait parlé à son n+1. Le problème selon EC, c'est le mensonge.

EC avait accès à Eliot mais ne l'utilisait pas. Il aurait eu une formation de 2 heures sur Eliot et savait juste rentrer son identifiant et son mot de passe. En avril 2007 il était perdu dans le maquis informatique et le vocabulaire.

OF Forcément si EC n'a jamais cherché à rentrer la main dans le cambouis il ne pouvait comprendre ce que ses subalternes faisaient.

10h34 Limites en nominal ? EC non, ni par opération ni cumulée. Il a appris par la suite qu'une limite par opération existait. Proxygen ? Outil découvert au bout de quelques mois. Selon lui, le dernier rempart pour les ordres erronés avant que les ordres aillent vers le marché. Proxygen était désactivé manuellement à l'ouverture des marchés pendant très peu de temps, car sinon cela bloquait les saisies normales. Les filtres étaient remis juste après. EC l'aurait fait de sa propre initiative, par la risk console, pour améliorer l'animation à l'ouverture des marchés.

OF Point à priori sans incidence. Sauf que je me pose la question suivante. Si Eric Cordelle n'a découvert Proxygen qu'au bout de quelques mois, qui autorisait la désactivation avant ? Les saisies normales étaient-elles alors bloquées avant qu'EC n'intervienne ? Cela ne montre-t-il pas qu'EC en savait un peu plus sur le trading que ce qu'il affirme ? Personne ne posera les questions.

Pouvait-il imposer des limites spécifiques ? L'équipe était déjà en rythme de croisière.

10h47 Suivi de la trésorerie ? A partir d'août 2007, en raison de la crise de liquidités. Consignes du management d'être long en trésorerie et de faciliter les prêts entre traders. Il recevait tous les jours un fichier Excel (outil Safe). Par sondage, une fois par mois, il vérifiait si les consignes étaient bien appliquées.

OF Une fois par mois cela paraît peu alors que la crise financière était une préoccupation constante.

Avait-il une vue aisée des variations de trésorerie ? Selon EC ce n'était pas représentatif du P&L (exemple ventes à découvert). De plus, l'impact de la nouvelle activité d'arbitrage devait avoir pour incidence une augmentation des flux de trésorerie. Selon EC, il y avait un autre trader pour lequel la trésorerie avait affiché un saut vers + 1,8 milliards d'euros. Donc cela n'attirait pas son attention.

JK affirmera plus tard à la barre que l'activité du ZK (Sébastien Gers) n'avait rien à voir avec la sienne, car les synthétiques supposeraient des volumes monstrueux.

Selon EC, la trésorerie de JK présentait un pic de 1,4 milliard d'euros pendant 4 jours fin 2007, mais JK avait depuis août une trésorerie positive.

OF Si vous regardez la courbe de P&L de JK dans le rapport Green, vous comprenez que le niveau de 1,4 MdE est atteint vers la fin de novembre, ce qui signifie qu'à cette date JK avait débouclé ses positions. Autant de cash dans les caisses depuis fin novembre 2007. JK a-t-il également eu recours à des opérations fictives pour masquer le niveau de sa trésorerie ? Ce point ne semble pas vraiment avoir été abordé. Ce cash réel générait-il des intérêts ou bien les opérations fictives qui diminuaient le niveau de trésorerie faisaient que les intérêts n'étaient pas générés comme ils l'auraient dû ?

Les transferts de résultat en interne ? EC n'en a pas vu. Pratique courante ? Non.

Sur le résultat de 55 ME ? Selon EC, 43 ME, le reste de la marge commerciale. Ces 43 ME sont déclarés au fil de l'eau. EC a fait fois 6 par rapport à 2006, c'est une très bonne performance, mais les autres traders ont fait fois 10. JK partait d'une base 2006 plus importante que les autres. Le 43 ME était crédible au vu de des activités officielles.

OF Quid question sur le 1 million d'euros déclarés sur une journée de trading et la démonstration sur le gain d'un autre poste par des futures intraday ?

11h00 Commissions Fimat importantes ? EC avait posé la question à JK, qui lui aurait dit qu'il y avait des arriérés de facturation dans le 2A, qui historiquement comportait toute l'activité Delta One. De plus, comme les fees étaient acceptés par les traders, pas de raison de s'en inquiéter.

Courriers Eurex de novembre ? Vincent Duclos de la déontologie étant avec JK, EC était passé les voir. JK aurait été rassurant, les demandes d'Eurex seraient fréquentes et anodines. JK affirmait que la réponse était presque finalisée, qu'il s'en occupait. EC a demandé à voir comment la réponse était formulée, il a peaufiné la réponse. Dans la réponse à aucun moment le chiffre des contrats n'était mentionné.

OF Ce point n'est pas contesté. Le problème, c'est que des chiffres de contrats énormes figuraient dans le premier courrier (1700 contrats FDAX 2300 FESX) et qu'EC affirme ne pas avoir lu le courrier alors qu'il a participé à la réponse?

Comment peut-on croire cela ? Un polytechnicien passé plusieurs années au Japon, rigoureux ou pas rigoureux ? Comment participer à la réponse d'un courrier sans lire le courrier ? Ce n'est pas crédible et je regrette que le Président de la Cour lui-même n'ait pas cherché à pousser EC dans ses retranchements. EC ne veut pas avouer avoir lu ces chiffres parce que même s'il n'a pas fait le lien avec les positions non-autorisées, en les ayant lus on ne peut que conclure qu'il ne pouvait pas ne pas savoir que ...

EC affirme ne pas avoir signé la réponse. OF Un autre témoignage avait affirmé que si, or il suffisait de lire la pièce en question dans le dossier pour s'apercevoir de ce fait. Manque de rigueur de la part de tribunal.

Fin novembre 2007, deuxième lettre, pour une demande de précisions. JK lui aurait annoncé pendant le marché l'existence de ce deuxième courrier. EC aurait reçu dans sa boîte mail le courrier de Vincent Duclos à JK sur le sujet, avec en pièce jointe le courrier, où figurait le chiffre de 6000 contrats. EC affirme ne pas avoir ouvert la pièce jointe, se contenant de lire dans le mail qu'Eurex voulait savoir ce qu'étaient un EMTN et un CDO.

OF Absurde ! EMTN et CDO n'ont à priori rien à voir avec l'activité connue de JK, raison de plus pour lire la pièce jointe. De plus, comme je l'ai déjà remarqué, pourquoi une expertise informatique n'a-t-elle pas été diligentée pour vérifier que la pièce jointe n'a pas été ouverte par EC ?

EC pensait que le sujet était insignifiant parce que la déontologie n'était pas venu le voir. EC ne sait plus s'il en a parlé avec le n+2.

OF Peut-être parce que la déontologie savait qu'il n'y connaissait pas grand chose ?

11h20 JK à la barre. Regard permanent d'EC sur la trésorerie ? JK ne sait pas. JK évoque le manque de 5 millions d'euros de besoin de financement, et un cumul d'intérêts payés de 9 millions d'euros. EC aurait formulé une demande d'ajustement de 5 millions d'euros. EC se souvient mais ne comprend pas le lien avec la trésorerie. Il pense davantage à un écart de méthode, ce que conteste JK.

Sur les contrôles passerelles de 2007, ce n'est pas EC qui les a gérées, il ne participait pas aux réunions passerelles.

Les 125 millions d'euros de limite étaient-elles un poids pour les traders ? Selon EC un problème non, une contrainte oui. En novembre décembre 2007 EC aurait envoyé un mail aux traders sur les limites pour en revenir à des dépassements non fréquents, quitte à exprimer le besoin d'une autre limite. JK aurait répondu qu'une consommation de limite de 15 millions d'euros était suffisante. JK ne se souvient pas de cela.

11h40 Comportement de JK ? Semblait assez serein, semblait faire son travail. JK avait-il autorité sur le desk ? Selon EC non.

EC se serait trompé dans ses déclarations sur les vacances de JK en décembre 2007. EC n'est pas d'accord.

11h50 Le procureur intervient. Quelles étaient les plus-values à apporter à l'équipe ? Management, connaissances complémentaires, supporter les horaires lourds. JK a-t-il dit ouvertement que les 1,4 MdE faisaient intervenir des opérations frauduleuses et d'es opérations fictives ? EC Non. EC ne pouvait les déduire des explications de JK.

Maître Reinhart (SG). En avril 2007 les positions de 5 MdE de JK ont-elles été évoquées ? EC non. Aurait-il eu un intérêt à couvrir la fraude, même par complicité passive ? EC non. JK a-t-il dit qu'il prenait des positions hors mandat ? EC non. Sentiment d'EC sur le comportement de JK : idiot, pitoyable, EC lui en veut, cela a affecté sa vie personnelle et professionnelle.

Maître Huc-Morel (la défense) intervient, car il est plus technique que Maître Metzner et va utiliser des pièces techniques.

EC était-il un risk manager ? EC non.

OF Les questions posées n'amèneront rien sur le sujet;

Sur l'écart passerelle de fin avril 2007, EC est informé par mail le 16 mai 2007 d'un écart front office back office de 17 000 futures. EC ne se souvient pas avoir traité ce problème. Selon JK, ce mail forwardé l'aurait été à la demande d'EC, ce dont EC ne se souvient pas.

Maître Huc-Moel pose la question du million d'euros déclaré par JK en une seule journée. EC trouve le montant important mais justifié par les knock-outs ou le restriking.

Savait-il qu'il traitait des futures DAX ? Selon EC, oui ,c'était normal par rapport à son activité.

OF Le problème, c'est que l'avocat n'enchaîne pas, et on ne sait pas si dans son esprit c'est normal ou pas. Bref, c'est davantage pour introduire de la confusion, sans démontrer. Je suis un peu tombé dans le panneau d'ailleurs les jours précédents.

12h15 Question posée sur le fichier Exel Safe. Selon EC, 58 000 lignes. L'avocat a effectué une extraction montrant ce qui concerne JK. EC s'énerve parce que ne figurent pas les autres devises que l'euro. L'avocat montre la colonne G, intérêts cumulés à partir du 1er janvier. EC aurait commencé à consulter ce document à partir du 15 août. On lit trésorerie 15 août 2007 1 milliard d'euros et 6 millions d'euros d'intérêts débiteurs cumulés. EC n'aurait regardé que la colonne Balance (OF solde). L'avocat poursuit et montre un récapitulatif des commissions fin 2007. Chaque mois, EC validait les CPM (Comptes de pilotage mensuels) où il y avait les commissions. EC, qui avait dans un premier temps pris le document pour un document Fimat, rectifie son erreur et reconnaît avoir validé le document.

12h25 Maître Metzner rentre en piste. Selon lui EC ne lit pas les pièces jointes des mails, il ne lit pas les mails. Que faisiez-vous ? EC répond qu'il lisait les mails s'il y avait urgence à traiter, il tente de se justifier sur son activité (embauches, etc). En raison d'autres priorités il n'a pas consulté Eliot. Sur l'épisode du gain effectué par JK sur le poste de Wu en sa présence, EC indique qu'il avait compris que JK montrait comment passer un delta (couverture) proprement.

Maître Metzner cite des propos tenus par EC, selon lesquels 80 % du résultat de 55 ME de JK proviendraient du prop trading ((OF trading sur compte propre) , en fait l'arbitrage et le directionnel et 20 % de son activité normale (market making).

OF En soit l'arbitrage requiert de prendre des positions directionnelles sur une durée courte. Maître Metzner essaye de jouer sur les mots mais se trompe en fait. Il essaye de montrer que ce n'est pas possible de justifier les 20 % relativement avec les 80 % mais croît à tort qu'EC les avait reliés dans sa déclaration aux juges d'instruction.

Retour sur les 6 000 futures et sur la déclaration d'EC selon laquelle il aurait sauté au plafond.

OF Là encore Maître Metzner s'embrouille et n'a pas du bien se réveiller de sa sieste matinale. Il confond demande ou réponse et premier ou deuxième courrier d'Eurex. Bref, il se noie, ce que me confirmeront d'autres membres du public présents.

13h00 Selon l'entretien annuel de EC, la hiérarchie d'EC était très contente de son travail, et pour 2008, il avait pour objectif se plonger dans le détail des activités des traders.

Données chiffrées de trésorerie de JK citées : au 16 décembre 2007, au 27 décembre 2007, position créditrice de 400 à 800 millions d'euros. Au 28 décembre 2007, 1,3 milliards d'euros.

OF Comme je l'ai souligné plus haut, la courbe de résultat montre que la trésorerie théorique de JK devait s'élever à 1,5 milliards d'euros dès la fin du mois de novembre 2007. Où est-elle passée pendant toutes ces semaines ? Personne ne s'est penché sur la question, et je suis déçu que la dernière occasion de s'y pencher, au tribunal, ne le permette pas.

13h10 Séance levée pour la matinée.

2) Témoin numéro 2 Martial Rouyère n+2

14h40 Retour sur la découverte de la fraude. MR reconnaît qu'il avait la responsabilité du contrôle des risques (La Tribune) et qu'il recevait le lendemain dans l'après-midi un reporting des limites dépassées. La commission bancaire aurait indiqué qu'il y avait 2 reportings, mais MR n'en connaît qu'un.

OF Là encore, le rôle de la Cour c'est de faire en sorte que la vérité éclate, donc de faire en sorte que l'une ou l'autre des versions soit admise comme vraie ou fausse ! Le tribunal ne va pas assez loin. On manque de temps.

16h50 Maître Martineau (SG) interroge le témoin. MR ne savait pas, et selon lui les n+1 et n+3 avec certitude également.

Maître Huc-Morel (défense) projette la pièce n°16, un document de formation Welcome DEA, dans lequel il est évoqué, pour les risques opérationnels, point 5 fraude et autres activités criminelles .. rogue trading. Selon MR, cette formation ne lui a pas été dispensée et il est rentré à la SG en 1996.

OF Pas vraiment probante cette pièce.

Nombre de contrats autorisés à prendre par JK ? MR quantité nécessaire pour couvrir sa position. Quelques centaines, quelques milliers de contrats.

Courriel du 16 mai 2007 en page 3 : écart FO BO 56 000, 73 000 contrats, soit 14 MdE selon l'avocat.

MR s'explique, il s'agissait du même problème que le mois précédent, le problème était résolu, c'était un mail parmi d'autres des services de support, donc il n'a pas lu la totalité du mail.

Extraction de l'application Safe de la trésorerie des traders. MR ne croît pas avoir reçu ce document. Ce n'est pas dans ses attributions de surveiller cela à un niveau individuel.

OF Plus on va monter dans la hiérarchie, plus on risque d'entendre cela.

17h00 L'avocat cite un document de l'inspection de la SG qui indique que plusieurs traders ont transféré du résultat (OF ils ont été virés pour cela, mais ont touché de l'argent suite à un protocole d'accord) : M. Rakotomalala (flux de provision de 600 000 euros), M Thai, M. Chiche (modification du prix de vente des titres). MR dit ne pas avoir été au courant de telles opérations.

OF La pratique courante des traders n'était pas connue du n+2 qui avait de l'expérience dans le trading ... problème générationnel ?

Maître Metzner rentre en scène. De qui se moque-t-on ? MR explique qu'il était obligé de faire des priorités Il avait des centaines de courriels. Concernant les 53 000 contrats, il reconnaît que c'est quelque chose qui aurait pu lui permettre de détecter la fraude, c'est un élément qui lui a échappé, il n'en avait pas la conscience. Il a été licencié pour les faits qu'il a ratés.

OF Marrant, le n+1 n'ouvre pas la pièce jointe, ne lit pas le courrier auquel il répond, et le n+2 lit le mail mais s'arrête avant la page 3. Bizarre non ?

Maître Metzner rappelle que le protocole d'accord lui a permis d'empocher 750 000 euros. Dit-il la vérité ?

OF Pourquoi la SG paye-t-elle un salarié licencié pour avoir été défaillant ? Quelle est la contrepartie ? Ne pas dire la vérité ?

Absente des débats : la pièce exhibée par JK dans son livre en page 77 où il montre une extraction CPM adressée à MR montrant les résultats réels de JK fin juin 2007 et fin décembre 2007 notamment.

17h30 Pause

3) Témoin numéro 3 Philippe Baboulin n+3

17h47

Au moment des faits, il était responsable mondial des activités Equity Finance (65 personnes). Trois missions : 1) développer activité financière pour la clientèle interne et externe 2) déploiement de l'activité flux clients (delta one 20 personnes) 3) mission transversale pour GEDS, gestion bilan

Retour sur les événements du 18 janvier 2008 : Baader, task force.

J'ai relevé que PB savait (enfin ils) le vendredi soir qu'il y avait une opération qui impactait le P&L de -1,4 MdE. C'est samedi qu'ils se seraient aperçus que l'opération n'existait pas.

PB a participé au recrutement de EC avec Pierre-Yves Morlat et n+2.

PB se trouvait physiquement dans la même salle que delta one. Mi-2007 MR et EC ont autorisé JK à faire de l'arbitrage sur les turbos warrants de la concurrence.

PB affirme qu'il ne suivait pas l'activité des traders individuellement. Il recevait un mail tous les jours sur les dépassements de limites éventuels. Il aurait fait intervenir une dizaine de fois dans l'année des collaborateurs sur des problèmes de limites. Il connaît une trentaine de limites différentes, la plupart pas en directionnel (volatilité, VaR, etc ...). Il n'était pas au courant de l'épisode Allianz, car avant 2006 il était responsable de Equity Finance.

PB avait été informé d'un problème de modélisation dans les écarts de passerelle de mars 2007. Il est allé voir JK et lui a mis la pression pour régler le problème. Deux jours après, c'était ok pour les services de contrôle, donc il a dit bien joué à JK. Il n'a pas contrôlé la solution du problème car ce n'est pas son rôle. JK avait répondu que ce n'était pas bien joué car cela ne devrait pas arriver.

PB explique au tribunal qu'en fait le mot « devrait » doit être compris ainsi : cela n'arrivera plus. JK confirme qu'en fait il pensait que ces positions auraient été débouclées le mois suivant.

OF Or il était en perte, donc il a patienté, et le même écart passerelle est arrivé le mois d'après.

18h10 PB donne le chiffre d'une vingtaine d'écarts chaque mois sur son périmètre.

OF Sur un an, cela fait 240. Sur 1 an, JK a généré 74 alertes. Ces alertes étaient-elles comptabilisables dans le 20 par mois ? Cela ferait beaucoup pour un seul trader sur une équipe totale de 65 personnes. Personne n'a réagi, ce qui montre l'apathie des débats.

PB affirme ne jamais avoir eu connaissance du résultat de 1,4 MdE, ainsi que de toutes les opérations frauduleuses et fictives. Il en trouve pas le résultat de 43 millions d'euros de JK en 2007 exceptionnel. Un peu plus que la normale, mais c'est tout.

OF Sans surprise.

Que JK réalise 50 % du résultat de son équipe ? Il ne sait pas.

18h15 Maître Metzner n'est toujours pas revenu de sa pause. L'affaire Bettencourt ?

Selon PB, toutes les personnes étaient effondrées à la découverte de la fraude. Il parle de bombe à retardement.

JK reconnaît à nouveau qu'il a été idiot, qu'il était coupé, déconnecté des réalités. JK proteste un peu tout de même, pour la forme, en affirmant que le samedi 19 janvier au soir ils sont à 2 doigts de déboucher le champagne. Selon PB, la banque aurait réagi de la même manière s'il y avait eu un gain.

PB a pris connaissance après janvier 2008 de l'incident de la fraude du 1er semestre 2007 (qui a conduit au suicide du trader). En fait ce trader opérait sur les activités de taux, en fixed income.

Selon Claire Dumas, ce trader avait utilisé des techniques différentes, des actions à date de départ décalé. L'inspection avait recommandé de contrôler cela, mais cela n'avait pas été mis en place sur le département actions. Ce que la commission bancaire avait reproché à la SG.

4) Témoin numéro 4 Luc François n+5

18h50 Au moment des faits, responsable des activités actions. Il a été en charge du débouclage de la position découverte.

OF Toujours l'amalgame entre les engagements de JK pris en janvier 2008 (52 MdE) et les engagements à déboucler le 18 janvier 2008 (49 MdE).

Récit de la découverte. OF rien de bien nouveau

Le 18 janvier au soir, pas de certitude de la part de Deutsche Bank qu'ils ne reconnaissaient pas la transaction étudiée.

Etait-il informé des courriers Eurex ? Non.

Le résultat de 55 ME était-il normal ? 55 = 25 (arbitrage) + 17 (market making) + 11 (marge commerciale). Pas hors norme selon LF.

OF Sachant que l'activité arbitrage a démarré en juillet 2007, 25 ME en une moitié d'année, ce n'est pas beaucoup ? Personne n'a relevé ce point à ma connaissance.

OF Maître Metzner tente d'embrayer sur les frais commerciaux, mais c'est technique et osé en fin de journée. Sans succès.

OF Autre estocade dans le vide, l'argument selon lequel la Société Générale aurait dû stopper l'activité de JK dans la journée du 18 janvier 2008 lorsqu'elle s'est aperçue qu'il y avait un problème majeur sur les écritures Baader. Ce qui aurait limité la perte finale ? Un peu, cela aurait empêché que JK prenne les positions de vendredi, estimées à 3 milliards d'euros (source presse), mais pas de manière significative par rapport aux 49 MdE de position latente le 18 au soir.

19h25 Audience levée.

Sources du déroulement du procès Jour 9

http://www.radiobfm.com/edito/home/71768/le-proces-kerviel-en-direct-le-bloc-notes-du-21-juin-partie-2/

http://www.latribune.fr/entreprises/banques-finance/banque/20100608trib000517576/jerome-kerviel-contre-la-societe-generale-suivez-le-proces-minute-par-minute-14.html

Sélection d'articles de la presse sur le Jour 9

http://www.lefigaro.fr/societes/2010/06/21/04015-20100621ARTFIG00686-un-superieur-de-kerviel-il-a-joue-la-comedie.php

trop raccourci et imprécis sur Eurex

http://www.slate.fr/story/23431/kerviel-et-les-bisounours

faux sur la partie Eurex, les 6 000 contrats FDAX c'est seulement dans le deuxième courrier ! De plus, les 6 000 contrats ne font pas 6 milliards mais 1,2 milliards !

http://laplumedaliocha.wordpress.com/2010/06/22/affaire-kerviel-une-terrifiante-ignorance/

http://www.challenges.fr/actualites/finance_et_marches/20100621.CHA5215/kerviel_menteur_credibleselon_son_superieur_direct.html

http://www.lepoint.fr/les-superieurs-de-kerviel-chargent-l-ex-trader-de-socgen-21-06-2010-468962_19.php

http://www.lesechos.fr/info/finance/020618777012-proces-kerviel-de-la-profusion-de-temoins-comme-strategie-de-detournement.htm

http://www.lesechos.fr/info/finance/020618776603.htm

http://www.lexpansion.com/economie/les-cadences-de-travail-en-accusation-au-proces-kerviel_234362.html

http://www.ft.com/cms/s/0/111149f8-7d65-11df-a0f5-00144feabdc0.html

http://www.independent.co.uk/news/world/europe/rogue-trader-blames-the-bank-for-euro5bn-loss-2006123.html

http://www.liberation.fr/economie/0101642752-kerviel-charge-par-un-superieur-depasse

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Commentaires
N
bonjour,<br /> Proxygen : pardon, je me suis mal exprimé ! Je faisais juste la remarque que cela était semble-t-il ponctuel. Ceci n'étant pas précisé dans le paragraphe de 10h34.<br /> Toutefois, votre question reste valide. ;)<br /> Bien cordialement
O
Bonjour nemo,<br /> <br /> coquilles réglées. Pour le « devrait » j'ai mis des guillemets. Devrait peut être compris soit en soi, soi en conditionnel pour l'avenir. Tout le monde avait compris l'un alors que c'était l'autre.<br /> <br /> En fait lorsque j'écris Proxygen ? ce n'est pas une interrogation de ma part, c'est pour traduire le fait (certes pas évident) que le tribunal ou une partie a posé la question au témoin. D'où les points d'interrogation.<br /> <br /> Bien cordialement
N
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre résumé et vos analyses.<br /> <br /> Quelques coquilles:<br /> - qui lui-même pouvait supporter. => que<br /> - 12h15 Question poser sur le fichier Exel Safe => posée<br /> - déploiement de k'activité flux clients => l'activité<br /> - PB explique au tribunal qu'en fait le devrait doit être compris ainsi => ??<br /> <br /> <br /> Proxygen : cet extrait devrait répondre à votre interrogation : <br /> "10h40: Activation- désactivation<br /> Le président l'interroge désormais sur "proxygen". C'est un outil pour éviter des "saisies erronées". Il explique qu'il lui est arrivé de désactiver proxygen de manière très ponctuelle, car par exemple, l'outil bloquait les ordres à l'ouverture des marchés, à 9h"<br /> http://www.20minutes.fr/article/579741/Societe-Proces-Kerviel-Suivez-en-direct-la-neuvieme-journee-d-audience.php<br /> <br /> Bien cordialement
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