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Fraude à la Société Générale ? Compléments d'enquête Livre
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  • Fraude à la Société Générale ? Compléments d'enquête. Des inédits sur les commissaires aux comptes, sur les comptes, sur le contrôle interne, sur les chiffres de la fraude. Livre en vente sur Amazon.
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13 janvier 2009

Madoff : Les vaines démarches de Harry Markopolos à la SEC

Revue du contenu de la plainte déposée fin 2005 par Harry Markopolos à la SEC : lien avec l'affaire Société Générale Kerviel et autres remarques

Dans un article du Wall Street Journal du 18 décembre 2008 intitulé "Madoff Misled SEC in 2006", traduction Madoff a balladé la SEC en 2006, on apprend comment un "whistleblower" ou dénonciateur, Harry Markopolos, a tenté d'expliquer à la Security and Exchange Commission que l'entreprise Madoff était une gigantesque fraude.

http://online.wsj.com/article/SB122956182184616625.html

29 "red flags" ou alertes sont ainsi mises en avant dans les 19 pages de son réquisitoire qu'il a rédigées fin 2005. Le titre est sans équivoque "The World's Largest Hedge Fund is a Fraud", le Hedge Fund le plus important au monde est une fraude.

http://online.wsj.com/documents/Madoff_SECdocs_20081217.pdf

Début 2006 la SEC ouvre une enquête qu'elle clôt fin 2007. Entre-temps, la SEC a bien trouvé des choses à redire sur l'entreprise Madoff et les fonds Fairfield : la nature de la stratégie Madoff n'était pas claire, rétention d'information sur certains comptes clients, absence d'information aux investisseurs dans Fairfield selon laquelle Madoff était le conseiller en investissement. Enfin Madoff n'a pas respecté l'obligation de s'enregistrer à la SEC alors qu'il avait bien plus que 15 clients.

Des violations pas suffisantes selon la SEC pour aller plus loin dans l'enquête.

http://online.wsj.com/documents/Madoff_2005SECdoc_20081217.pdf

Même si des démarches similaires sont vaines, il convient de féliciter Monsieur Markopolos pour la pertinence de son propos et sa persévérance. Il avait démarré ses échanges avec la SEC en 2000 et il ne s'était pas arrêté aux conclusions de la SEC de 2007 en remettant une couche en avril 2008 auprès du bureau de la SEC à Boston.

Dans un mail adressé à la SEC, il indique notamment qu'un investisseur s'est brutalement désengagé de Madoff car il s'était rendu compte que des transactions qui devaient avoir été effectuées sur son compte ne l'étaient pas.

http://online.wsj.com/documents/Madoff_AprilSECdoc_20081217.pdf

A la moindre alerte d'une telle sorte un investisseur ne devrait-il pas partir en courant ? Ou bien lorsqu'un écart non expliqué reste non apuré ? Ou bien lorsque des explications sont peu convaincantes, voire mensongères, voire de mauvaise foi ?

Cela rappelle un peu les nombreuses alertes internes ou externes (Eurex) qui ont été mis à la connaissance de nombreux salariés à haute responsabilité ou non à la Société Générale sans que les opérations dissimulées de manière répétée de plusieurs dizaines de milliards d'euros de Jérôme Kerviel dans l'affaire de la fraude à la Société Générale ne puissent être mises à jour.

Au pays des aveugles les borgnes sont rois.

La SEC avait alors auditionné Madoff et un assistant. Jérôme Kerviel également avait dû répondre au contrôle interne et aux questions d'Eurex.

Il semble facile d'embrouiller, à des dizaines de milliards d'euros ou de dollars près.

Quel a été le raisonnement de Markopols pour parvenir aux conclusions que nous connaissons fin 2008 ?

Harry Markopolos n'était pas un insider mais il travaillait pour la concurrence, concurrence qui se demandait comment Madoff faisait pour, mois après mois, annoncer des rendements en moyenne de 12% sans que les soubresauts du marché ne perturbe cette machine apparemment sans faille.

Dans une logique inversée, Markopolos est parti des résultats, et, en appliquant la stratégie d'investissement de Madoff (i.e des arbitrages sur des actions du S&P 100 et sur des options de l'index), en a conclu que l'entreprise Madoff ne pouvait être qu'une fraude.

Tous les paramètres étaient incohérents entre eux : taille supposée des actifs gérés par Madoff, nature des instruments financiers utilisés pour générer le rendement, rendements affichés, volumes échangés sur les marchés des instruments financiers concernés, business model (se rémunérer non pas par des commissions de gestion mais par des commissions sur les transactions effectués).

Cela me rappelle curieusement la démarche appliquée dans mon livre Fraude à la Société Générale ? Compléments d'enquête et qui a abouti à démontrer que la taille des engagements pris par Jérôme Kerviel en janvier 2008 n'était pas de 49 milliards d'euros mais de 52 milliards d'euros. A 3 milliards d'euros près, une broutille. Passons.

En moyenne Madoff offrait aux investisseurs 12% de rendement. Sauf qu'en milieu de chaîne se trouvent les fonds de fonds (Fairfield, Tremont, Access) qui eux se prennent théoriquement 1% de commission de gestion et 3 % de commission de performance (20% de 15 %, pour parvenir à 12%). Cela fait une moyenne théorique de 16 % de rendement à assurer mois après mois. Délirant au regard de la stratégie utilisée.

Accessoirement, Markopolos se dit qu'en fait Madoff emprunte à 16% puisqu'il fournit du 16% pour de l'argent qu'il reçoit.

Comment Madoff parviendrait-il à générer des commissions sur les seules transactions effectuées qui soient substantielles par rapport au 4 % qui rémunèrent les Fonds de fonds intermédiaires ?

Toutes les 29 alertes ne sont pas pertinentes, comme la 25 qui consiste à rappeler les liens entre Madoff et le NASDAQ puis d'affirmer que le NASDAQ n'a pas une bonne réputation en tant que régulateur de marché.

Néanmoins sans preuve, sans témoignage d'insider, il avait raison sur le fond.

Dans mon premier livre "Tsunami L'article sur l'ONG n'aura pas lieu", j'étais parvenu à démontrer, sans bouger de ma chaise, sans insider (sur ce point là en tout cas) à démontrer la forte présomption que l'ONG Planète Urgence avait menti sur la réalisation d'un projet en Indonésie, qu'elle annonçait royalement terminé au bout de 3 mois. Il n'en était rien.

Imaginez sur place. Imaginez ce que les collaborateurs de Bernard Madoff ne pouvaient ignorer.

Mais surtout, un peu de bon sens et quelques questions parfois pertinentes (parfois moins) peuvent permettre de mettre le doigt là où cela peut chauffer.

Dans l'affaire de la fraude à la Société Générale, n'oubliez pas que des zones d'ombre demeurent sans réponse, je pense notamment :

- à la problématique de qui a bénéficié des pertes générées par le débouclage fin janvier 2008 ? Avec l'existence d'ordres hors marché (OTC, qui font également partie du réquisitoire de Markopolos), quelles révélations embarrassantes pour les uns ou pour les autres pourraient surgir ?

- au graphe des appels de marge cumulés avec Fimat Francfort, qui montre qu'en juillet 2007 la baisse des marchés a eu autant d'impact à la baisse sur les appels de marge de la Société Générale toute seule qu'à la hausse sur ceux générés par les positions non autorisées de 30 milliards d'euros de Jérôme Kerviel ? Qui peut répondre à cette question ?

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